Culture: la décision de fermeture du CCFN de Niamey suscite des réactions dans le milieu artistique et intellectuel

Coopération Culture

(Les Échos du Niger 27 nov.) Alors que les militaires français sont en train d’accélérer leur évacuation pour être dans le temps imparti, les tensions continuent de s’accumuler entre les nouvelles autorités nigériennes et Paris. Le CNSP a dénoncé en début de semaine dernière l’accord bilatéral de 1977 concernant le centre culturel franco-nigérien (CCFN).

C’est par voie de courrier que le Gouvernement nigérien, a informé la diplomatie française de son souhait de dénoncer l’accord bilatéral sur le statut du Centre culturel franco-nigérien Jean-Rouch, à Niamey.  Ce centre, créé en 1963, est une institution binationale placée sous la tutelle conjointe du ministère nigérien de la culture et du ministère français des affaires étrangères. Il est administré par un conseil paritaire. Les règles de sa gestion ont été fixées par un accord de 1977 auquel le CNSP veut mettre fin.

Cette nouvelle a provoqué la désolation dans le milieu artistique et culturelle mais aussi intellectuelle dont le CCFN à travers ses bureaux de Niamey et Zinder ainsi que les Alliances françaises de Maradi et d’Agadez est devenu un véritable pôle d’opportunités pour des milliers de Nigériens.

 « Beaucoup d’enfants Nigériens ont eu accès aux livres grâce au CCFN à Niamey et à l’intérieur du pays. Sans cette bibliothèque, je ne crois pas si certains aurait eu la chance de lire un seul livre. À commencer par l’élite qui s’est formée là-bas. Côté artistique, certains comme moi ont ouvert les yeux sur scène dans cet établissement qui a su être un pont qui a relié des cultures et des humains » a réagit la réalisatrice Nigérienne Aicha Maky à l’annonce de la nouvelle.

Médiathèque CFFN

Pour les plus francophiles, cette décision est un véritable sacrilège à la mémoire de feu Jean Rouch dont le centre porte le nom. Le réalisateur documentariste et ethnographe français né le 31 mai 1917 est un grand amoureux de l’Afrique et de ses cultures particulièrement le Niger où il a vécu une grande partie de sa vie aux côtés de ses amis notamment le célèbre infirmier Damouré Zika, Lam et Tallou jusqu’à sa mort en février 2004 à Tahoua.

« J’ai connu Jean Rouch. Je peux affirmer être une des dernières personnes qui l’ont côtoyé à quelques heures de sa mort lors de la projection de son dernier film. Il me recevait aussi avec Diouldé Laya le matin à l’Irsh au Celhto. Il est enterré aux cimetières chrétiens de Niamey avec un rite de folley. S’il venait de mourir cette fois ci au Niger à qui la faute? C’était une erreur d’associer la culture à la politique en fermant le CCFN suite à l’embargo, en refusant la mobilité des artistes entre les deux pays. Ceux qui ont pris cette décision de fermer les CCFN de Niamey et de Zinder, les deux alliances françaises (Maradi et Agadez) alors que le CCFN a un statut binational suite au coup d’État auraient pu prendre en compte qu’un centre culturel est comme un lieu de culte parce conséquent à préserver des conflits politique » explique Saley Boubé Bali chercheur à l’Université de Zinder.  Toute fois selon lui « Macron a utilisé l’arme de la culture pour faire mal, il doit s’attendre à une réponse à la hauteur de son acte même si Rouch n’a rien n’avoir dedans ».

En effet, le 14 septembre dernier paris a décidé de « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso ». L’annonce avait été faite à travers un courrier de la Direction Artistique et Culturelle du Quai d’Orsay et avait suscité également la désolation chez les promoteurs de spectacle en France.

Saley Boubé Bali

Selon des informations de sources officielles, Paris n’a pas répondu au courrier des autorités nigériennes après réception.

Rappelons que centre culturel franco-nigérien dispose d’un établissement à Niamey et d’un autre à Zinder, ce second est encadré par un accord bilatéral de 1991 qui n’a pas encore été dénoncé, pareil pour les deux alliances françaises de Maradi et d’Agadez.

De l’avis de certains experts, la dénonciation de l’accord de 1977 devrait déboucher sur d’épineuses questions d’ordre juridique. Pour cause, le foncier appartenant certes à l’État nigérien, l’ensemble des investissements dans les deux centres ont été réalisés par la France. Question banale mais de portée juridique : à qui donc sera laissé le bâtiment ? Paris pourrait bien solliciter le remboursement des sommes dépensées nous fais savoir une source anonyme.

Du reste, c’est surtout le sort des artistes et du milieu intellectuel Nigériens qui profitaient du cadre du centre culturel franco-nigérien pour organiser des activités et des rencontres diverses qui est préoccupant. Cette communauté artistique et intellectuelle pour rappelle, ne peut plus obtenir un visa pour se rendre en France.

Youssouf Sériba

2 thoughts on “Culture: la décision de fermeture du CCFN de Niamey suscite des réactions dans le milieu artistique et intellectuel

  1. Bonjour,
    Pour votre information il convient de préciser que les artistes peuvent parfaitement obtenir un visa pour se rendre en France. Il y en a qui s’y sont d’ailleurs rendus dernièrement
    L’ambassade de France à Niamey ne peut plus en revanche délivrer de visa car les locaux consulaires ont été endommagés et le personnel évacué à la suite de la bilolfnte attaque de l’ambassade le 30 juillet. Par ailleurs les forces de police nigeriennes interdisent toujours tout accès à toute personne étrangère à l’ambassade.

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