Société : quand le changement climatique et le chômage poussent les jeunes nigériens à choisir entre migration et terrorisme

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Sur la route de Tahoua plus précisément au village de Terrassa à cheval entre Konni et Tsernaoua, Les Échos du Niger s’est intéressé à des jeunes vendeurs de paille. Une activité constituant un exutoire pour plusieurs jeunes de cette localité confrontée à une sècheresse chronique résultante du changement climatique. Des braves jeunes qui craignent de sombrer dans le banditisme armé. Reportage.

La trentaine entamée, Sahabi chaïbou a accepté de nous entretenir sur les raisons qui l’ont poussé à se tourner vers ce commerce d’aliment bétails. Il nous a confié qu’il était à la base un maraicher. Pour arroser ses légumes et ses fruits, Sahabi chaïbou s’appuyait depuis lors sur les eaux du sous-sol. Mais depuis peu, les choses sont devenues très compliquées. L’absence des pluies, conséquences directes du réchauffement climatique, a affecté les nappes phréatiques et conduit à la disparition de ces sources d’eau indispensables à toute activité agricole le maraichage particulièrement. C’est ce qui a poussé ce jeune homme, marié sans enfant, à embrasser le commerce de la paille, « c​​‘est vraiment notre seule activité en ce moment. On a le choix entre exercer ce petit commerce, migrer dans les pays voisins comme le Mali à la recherche de l’or où basculer dans le banditisme » a-t-il déclaré.

Pour Sahabi chaïbou, le changement climatique conduit au chômage et entraine la hausse de l’insécurité dans toute la région. Il estime « les jeunes de Terassa comme ceux d’ailleurs sont parfois séduits par les propositions des groupes terroristes et autres bandits armées qui sévissent à la frontière avec le nigérien dans les localités de Guidan Roumdji et Madarounfa, à cause de cette situation ». Raison pour ce jeune paysan de demander aux autorités de trouver des solutions idoines aux problèmes de l’emploi des jeunes en milieu rural.

Pessimiste, Bachirou Adamou âgé de 19 ans lui croit dure comme fer que l’État ne fera rien pour eux parce que n’ayant été scolarisé et donc sans aucun diplôme il doit se chercher ailleurs. « Ce commerce de paille me permet de constituer un petit fond qui me permettra de me rendre en Alger. Là-bas je peux mieux gagner ma vie en travaillant, je pourrai envoyer de l’argent à ma mère et à mon père et même me marier » rêve Bachirou.

Le Niger est confronté, depuis 2015, au problème de l’insécurité avec des attaques armées dirigées contre les populations civiles et les forces de l’ordre sur le front Sud et le front ouest dans la zone dite des trois frontières. Ces attaques ont fait des centaines de morts. Même si pour l’heure aucune localité du pays n’est contrôlée par le pays, on compte dans le rang des djihadistes de nombreux Nigériens comme Ibrahim Doundou Chefou qui est un commandant de l’État islamique au grand sahara. Cet ancien berger a préféré délaisser ses chèvres et ses bœufs pour diriger d’autres jeunes sur les sentiers obscurs de la perdition.

Youssouf Sériba

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