Au Niger, il y a les banques et puis il y a la Boa. Cet établissement financier présent dans d’autres pays de la sous-région semble fonctionner selon ses propres lois qui n’ont peu à voir avec le standard des sociétés bancaires. Depuis les sanctions de la Conférence des Chefs de CEDEAO du 30 juillet, cette institution financière fait vivre des situations difficiles à sa clientèle en supplice à ces sanctions.
S’il est vrai que les sanctions adoptées par la Cedeao et l’Uemoa au lendemain du coup d’État du 26 juillet ont profondément affecté la capacité des banques nigériennes à satisfaire les demandes des clients, le cas de la BOA qui pourtant totalise plus de 50 % des fonctionnaires de la fonction publique inquiète plus d’un.
Depuis plusieurs mois maintenant, les fonctionnaires et autres clients de la banque doivent faire la queue durant de longues heures pour récupérer de l’argent ou pour être écoutés. Il faut se lever très tôt dans la matinée ou venir dès la fin de la prière de 4 heures pour inscrire son nom sur la liste des personnes désireuses d’effectuer une opération. Ensuite il faut attendre, en position debout ou assise. Après de longues heures, le nom de l’intéressé est finalement appelé et il peut récupérer son salaire ou plutôt une partie de ses revenus car les retraits sont plafonnés à 50 000 par personne par jour.
Pour se plaindre ou pour réclamer une facture impayée, le processus reste le même. Au siège de la banque, la file d’attente est phénoménale. On peut attendre tout une journée avant d’avoir accès à l’agent censé recueillir votre demande. Et si vous espérez obtenir rapidement gain de cause, laissez nous vous décevoir. Il faudra revenir plusieurs fois et attendre plusieurs mois tout en priant ardemment le ciel pour une intervention divine. C’est ce que nous confie Boubacar, un client qui a dû attendre deux mois pour toucher une remise de chèque. « Ce qui se passe à la Boa est simplement inadmissible. Le pays traverse une situation financière difficile certes mais ce n’est pas une raison pour la Boa de nous imposer ce stress. Les sanctions touchent toutes les banques de la place pourquoi c’est à la Boa qu’il faut vivre cette galère pour avoir accès à son propre argent. Hier j’ai passé toute l’après-midi dans la queue sans avoir accès au bureau des plainte » fustige Boubacar.

Beaucoup de prestataires nous ont informés qu’ils attendent des virements depuis plusieurs mois et que jusqu’alors ils n’ont obtenu aucune nouvelle favorable.
Pour les personnes qui souhaitent contourner ces difficultés et qui se rendent au guichet automatique, la désillusion est grande. Non seulement le fonctionnement de ces machines est aléatoire mais en plus, le plafond est toujours de 50 mille francs et parfois moins.
À tous ces problèmes de fonctionnement s’ajoute le comportement désobligeant et insolent du personnel « BOA c’est une banque qu’il faut quitter. Hier la dame ici au plateau m’a presque crié dessus parce que j’ai demandé à encaisser mon propre argent pour besoin de voyage. J’ai tourné de 8h à 12 h pour avoir un peu de sous. On souffre Wallaye » nous confie un autre client de la banque rencontré dans une agence de la place.
Bien avant la crise Boa ne jouissait pas d’une réputation dorée surtout dans le domaine des relations interbancaires. On lui reprochait surtout son refus de collaborer avec les autres banques de la place. Est-ce cette posture qui conduit à cette situation ? Il serait compliqué de le dire. Mais une chose est sûre, les autres banques ne présentent pas les mêmes difficultés malgré les sanctions.
Youssouf Sériba