(Les Échos du Niger 1er novembre) Le Niger fait partie des principaux producteurs d’oignons dans la sous-région ouest-africaine. Sur les axes reliant Niamey aux capitales de la côte comme Lomé et Cotonou, on voit régulièrement défilé des camions remplis de cette légumineuse dont la production nigérienne est très appréciée dans la sous-région. Avec la fermeture des frontières depuis les sanctions de la Cedeao, ce sont tous les acteurs de cette chaine qui pâtissent de cette situation. L’oignon est devenu très rare et a vu son prix augmenté sur les marchés des pays de la côte. Dans le même temps, les producteurs nigériens regardent, impuissant, leur production pourrir devant leurs yeux.
Dans le département de Madaoua une des grandes localités productrice d’oignon ÉchosduNiger a rencontré M. Sallah Ada un producteur d’oignon qui a vu son activité se ralentir du jour au lendemain depuis les sanctions de la Cedeao en date du 30 juillet. Devant ses magasins de stockage vide, il nous explique qu’avec la fermeture des frontières, l’exportation des sacs d’oignon vers les pays comme le Togo et le Bénin n’est plus possible. « Habituellement nous nous mettons ensemble 4 à 10 producteurs pour charger un véhicule qui doit être acheminé sur Cotonou afin d’écouler notre production. Avec le coup d’État, les routes sont bloquées. Cela entrave le commerce de l’oignon » se désole M. Sallah.

Il explique aussi que cette situation oblige les producteurs comme lui à se concentrer sur le marché local et à produire moins d’oignon. Quant au surplus, Sallah Ada avoue qu’il y a des routes clandestines que certains contrebandiers exploitent. « Certains arrivent à faire passer en fraude des sacs d’oignons au Nigeria afin de les convoyer au Ghana pour les écouler. Mais souvent les camions tombent en panne et les marchandises pourrissent »
Face cette situation désagréable certains producteur ont simplement jeté l’éponge dans l’incapacité de faire preuve de résilience. C’est le cas de Souley Adamou, père de 7 enfants il a pourtant hérité du business d’oignon. Venu causer à ses amis au marché, il nous explique « avec la situation actuelle c’est très difficile de continuer à produire de l’oignon puisque nous n’arrivions plus à exporter à cause des sanctions. La conservation de l’oignon étant délicat parce qu’elle ne saurait excéder un certains lapse de temps j’ai simplement préféré abandonner. Là j’envisage d’ouvrir une boutique ici au marché pour ventre des petits articles et des cigarettes ».

Du reste, tous fustigent unanimement les décisions de la Cedeao qui punissent les citoyens nigériens. Ils souhaitent que les frontières soient rouvertes au plus vite et que la diplomatie et le dialogue prime sur l’option militaire.
À part l’oignon, de nombreux autres produits alimentaires ou produits de première nécessité subissent les conséquences des sanctions inhumaines et dégradantes imposées par la Cedeao.
Youssouf Sériba