Le Niger face aux ODD : entre progrès et difficultés

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Comme la quasi-totalité des pays du monde, le Niger s’est engagé depuis plus d’une décennie maintenant dans la réalisation des objectifs pour le développement durable. Si le pays a connu des progrès importants notamment sur le plan de l’éducation, de la santé et de l’accès à l’eau, la dégradation de la situation sécuritaire à l’ouest dans la zone dites des trois frontières (région de Tillabéry) et au sud-est dans la région de Diffa ont de graves conséquences sur les politiques mises en cours d’exécution. L’armée a avancé cet argument sécuritaire le 26 juillet dernier pour justifier le renversement du président Bazoum et l’instauration du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Ce dans ce contexte qu’intervient le sommet des Nations-Unies sur des ODD auquel le Niger a pris part au mois de septembre.

C’est Bakary Yaou Sangaré, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de transition dirigé par le premier ministre Lamine Zeine qui a représenté le Niger au sommet des Nations Unies sur les ODD qui s’est tenu les 18 et 19 septembre dernier à New York. C’était en marge de la 78ᵉ assemblée générale des Nations-Unies. Au cours de la rencontre, le ministre a réaffirmé « les nouvelles priorités du Niger ». Depuis le 26 juillet a-t-il déclaré, le peuple nigérien œuvre pour le respect de sa dignité, pour la liberté́, la souveraineté́ et l’indépendance du pays vis-à-vis de tout diktat extérieur.

Pour avoir un point sur ces ODD au Niger, nous avons tendu notre micro à Maman Lokoko, président du Rosen (réseau des organisations du secteur éducatif nigérien). Il a rappelé que le pays s’est engagé à offrir un accès universel à l’éducation et à la santé à toutes les composantes de sa population. Selon lui, à moins de 10 ans de l’échéance des ODD, les objectifs sont loin d’être atteints.  Les causes de ce retard sont multiples, mais l’éducateur pointe du doigt l’absence de curricula ainsi que les mauvaises conditions dans lesquelles travaillent les membres du corps éducatif « jusqu’à présent le Niger continue de recruter des contractuelles comme enseignants. Ces derniers ont une condition précaire qui les empêche de travailler efficacement » a-t-il indiqué.

Délégation du Niger au sommet des nations-unies sur les ODD

Le président du Rosen a aussi fustigé le discours des autorités qui estiment que le pays n’a pas assez de moyens pour investir dans l’éducation or, « l’éducation est le socle du développement de tous les pays … ne pas investir assez dans l’éducation c’est hypothéquer l’avenir des générations futurs » rappel l’acteur de la société civile.  Pour Maman Lokoko, les dirigeants du pays doivent trouver le bon équilibre entre les investissements sécuritaires qui sont nécessaires et importantes et les investissements dans les autres domaines comme l’éducation et la santé qui tout aussi prioritaire crois savoir Lokoko.

Sur le plan sanitaire, même si la couverture sanitaire universelle a connu une progression (de 52,68% en 2020 à 53,21 % en 2021 puis à 54,47% en 2022), les populations notamment en milieu rural peinent à accéder à des soins de qualité.

Néanmoins, si le tableau est alarmant, il n’est pas totalement sombre. Maman Lokoko estime que la nouvelle dynamique mis en place par le CNSP peut permettre de débloquer la situation. « La lutte contre l’impérialisme mondiale peut permettre au Niger de sortir de cette situation. Mais nous devons garder à l’esprit que le temps est contre nous et accélérer les choses »

Il a apprécié les progrès obtenus sur le plan de l’hydraulique et aussi sur le point de la santé mère enfant. Mais globalement, il estime que les Nigériens vivent toujours mal à cause de la mauvaise gouvernance et est classé avant-dernier sur le classement IDH (indice de développement humain).

Maman Lokoko (Rosen)

Se prononçant sur le soutien technique et financier de l’éducation, le président du Rosen a expliqué que selon leur étude, « le gouvernement nigérien a plus financé l’éducation que les partenaires du pays ». Pour lui, le pays ne reçoit pas les fonds nécessaires, même s’il possède l’un des meilleurs plans pour l’amélioration de l’éducation. Il a pour finir, appelé les citoyens nigériens a plus de rigueur au travail.

Parmi les partenaires qui accompagnent le Niger dans la mise en œuvre des ODD, Speak up Africa occupe une place importante. La structure basée à Dakar soutient le développement d’un leadership local dans le pays et accompagne beaucoup de projets dans le domaine de la santé.  Elle a félicité le Niger en tant que premier pays africain à déclarer l’élimination de l’onchocercose en 2021. Cette maladie tropicale négligée infectieuse causée par un ver filaire faisait de nombreuses victimes dans le pays il y a quelques années. Le Think-tank continue de supporter les différentes initiatives visant à améliorer le quotidien des Nigériens.

Youssouf Seriba

Cette production est réalisée avec l’appui de Speak-Up Africa dans le cadre du programme ‘’Lines for Impact’’

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