(Les Échos du Niger 19)Les bruits de couloirs sont désormais confirmés. Les régimes de transitions militaires au Niger, au Mali et au Burkina-Faso viennent de conclure un nouvel accord militaire dénommé Charte Liptako-Gourma. Ce pacte destiné à lutter contre les groupes terroristes présents dans ces trois pays et à renforcer la coopération militaire entre ces 3 pays prend corps au cours d’une période particulièrement délicate. En effet, la communauté ouest-Africaine (Cédéao) menace depuis plus d’un mois d’intervenir militairement au Niger pour remettre en place le président déchu Mohamed Bazoum.
L’annonce de la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), a pour but d’établir une architecture de défense collective et d’entraide au bénéfice de nos populations, a déclaré le chef de la junte malienne, Assimi Goita, sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
La région du Liptako-Gourma, est la zone où se rencontrent les frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Elle a été ravagée par le djihadisme depuis quelques années.
« Cette alliance sera une combinaison d’efforts militaires et économiques entre les trois pays”, a déclaré aux journalistes le ministre malien de la Défense, Abdoulaye Diop. “Notre priorité est la lutte contre le terrorisme dans les trois pays »
La charte compte 17 articles. Parmi ceux-ci, l’article 6 attire particulièrement l’attention. Il stipule que « Toute atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties ». La charte indique également que les autres États apporteraient leur aide individuellement ou collectivement, notamment en recourant à la force armée.
La charte interdit en outre les sanctions entre ces trois États. L’article 8 proscrit ainsi l’usage de la force entre États membres, de même que la mise en place de blocus de quelque nature que ce soit. Toutes les décisions de l’alliance doivent être prises à l’unanimité.
Du reste, cette nouvelle alliance ne se veut pas fermée. Bien au contraire, l’article 11 indique que l’union est ouverte à tout État partageant les mêmes réalités géographiques, politiques et socio-culturelles et qui adhère aux objectifs de l’alliance. En ce qui concerne les différends, ils doivent être résolus par voies diplomatiques. Le Mali a été désigné comme étant le dépositaire de cette charte.
Cette nouvelle alliance intervient dans un contexte de multiplication des attaques terroristes au Sahel. Au Mali particulièrement, les combats ont repris entre les groupes rebelles installés au Nord et l’armée depuis le début du retrait de la Minsuma. Il n’est donc pas exclu que le Burkina et le Niger interviennent au côté de Bamako dans cette nouvelle guerre.
Rappelons qu’au Niger, les relations se sont considérablement dégradées avec l’ancienne puissance coloniale. Le CNSP réclame le départ des troupes et de l’ambassadeur français présent sur son sol.
Mawulolo Ahlijah