Elles sont de moins en moins audibles depuis le coup d’État du 26 juillet. Les militants du parti rose le PNDS ont perdu le pouvoir certes mais pas la langue, du moins jusqu’ici et pour quelques-uns. C’est le cas de Boubacar Dan Zourmani Secrétaire général de la section Belgique du PNDS. Dans cette interview accordée aux Échos du Niger Dan Zourmani s’exprime sur la position de son parti sur l’intervention de la CEDEAO au Niger et l’issue que pourrai avoir la crise.
Les Échos du Niger: Comment appréciez-vous l’intervention de la CEDEAO?
Boubacar : Je tiens d’abords à féliciter la CEDEAO pour son intervention dans la crise que traverse notre pays. Elle s’est donnée pour but de remettre en place le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum parce que cette tentative de coup d’État menace la démocratie dans notre pays et dans toute la région. Nous espérons que les sanctions diplomatiques, financières et économiques puissent amener la junte à revoir sa position. L’Union Africaine, les États-Unis, l’Union-Européenne et la Russie ont aussi condamné la tentative de coup d’État. Cette aventure de la junte est désastreuse et suicidaire. Un pays comme le Niger ne peut pas se permettre d’avoir un coup d’État surtout qu’il n’y a aucune raison valable pour le justifier. Même s’il faut parler de la situation sécuritaire je pense nous ne sommes pas comme les pays voisins qui ont entre 40 et 70 % de leur territoire occupé par des terroristes. Si les sanctions ne fonctionnent pas, on peut penser à utiliser la force même si nous ne le souhaitons pas en raison des risques de débordement.
Les Échos du Niger : comment appréciez-vous le soutien apporté au Niger par le Burkina Faso, le Mali et la Guinée n’est-ce pas une bonne chose?
Le Burkina et le Mali sont dirigés par des juntes qui se sont installées en évoquant des questions sécuritaires mais qui ne sont pas parvenus jusque-là à régler ces problèmes. Je rappelle qu’au Niger, on n’a pas un seul mètre carré qui est sous contrôle djihadiste. La politique sécuritaire a fait passer le nombre de militaires de 8 000 soldats en 2010 à plus de 35 000 soldats dans le but de préserver l’intégrité du pays. Et c’est ça le rôle de l’armée, elle n’a pas vocation à venir se mêler de la vie politique.
Les Échos du Niger : le président Bazoum est considéré par certains comme un otage, qu’avez-vous à dire ?
Nous condamnons la prise en otage du président qui n’est pas bien alimenté et qui serait privé d’électricité. Nous rappelons qu’il est toujours le président démocratiquement élu. Nous appelons à sa libération immédiate et à ce qu’il soit remis en fonction. Selon nos nouvelles, il n’aurait plus de téléphone.
Les Échos du Niger: est-ce que vous avez tenté de négocier avec les responsables de la junte ?
Non. Ce sont les organisations internationales qui le font. Mais les putschistes ne veulent rien entendre et veulent sa démission. Nous estimons que leur demande ne sont pas fondées. S’ils veulent faire la politique, ces militaires proches de la retraite peuvent se reconvertir en politicien et chercher à prendre le pouvoir par les urnes et non par les armes.
Les Échos du Niger : pensez-vous vraiment que Bazoum puisse revenir au pouvoir ?
Oui. C’est le scénario le plus crédible et ce serait mieux pour toute la région ouest-africaine. Cela permettra à la démocratie nigérienne de prospérer et cela va dissuader les personnes qui veulent suivre la même voie dans d’autres pays.
Entretien réalisé par Ismael Bagoudou et Mawulolo Ahlijah