(Les Échos du Niger 14 août) Dans un communiqué lu hier nuit le 13 août 2023, le porte-parole du CNSP, le colonel major Amadou Abdramane a déclaré que l’ancien président Mohamed Bazoum allait être jugé pour haute trahison. « Le gouvernement nigérien a réuni à ce jour les preuves pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger », a déclaré l’officier sur les antennes de la radiotélévision nationale.
Il s’agit là d’une grave accusation car selon le Code pénal nigérien, M. Bazoum encourt la peine de mort. Cette annonce intervient quelques heures après qu’une délégation d’Oulémas nigériens s’est entretenu avec le chef du CNSP, le général de brigade, Abdourahamane Tiani qui les a assurés de sa disponibilité à discuter. Le colonel major Amadou Abdramane a indiqué que les preuves dont l’actuel gouvernement disposait contre le président déchu s’appuient sur des échanges entre ce dernier et certains nationaux ainsi que des chefs d’État étrangers et des responsables d’organisations internationales.
Prévue dans la constitution du Niger en son article 142, il y a haute trahison lorsque le Président de la République viole son serment, refuse d’obtempérer aux arrêts de la Cour constitutionnelle, est reconnu auteur, coauteur ou complice de violations graves et caractérisées des droits humains, de cessions frauduleuses d’une partie du territoire national. Lorsque le Président de la République en est reconnu coupable, il est déchu de ses fonctions. La déchéance est constatée par Cour constitutionnelle au terme de la procédure devant la Haute cour de Justice conformément aux dispositions de la Constitution.

Abordant les conditions de détention du président Bazoum, le colonel major Amadou Abdramane a rejeté les accusations selon lesquelles celui-ci ferrait l’objet d’une certaine maltraitance. « Nous appelons à s’interroger sur la sincérité de sa prétention à soutenir qu’il est séquestré, alors même que les militaires n’ont jamais investi sa résidence présidentielle et qu’il dispose encore de tous les moyens de communication ».
Ils ont également assuré que ce dernier reçoit régulièrement la visite de son médecin et que son état de santé est bien. Dans le même communiqué, la junte a qualifié les sanctions prises par la CEDEAO d’illégales, d’inhumaines et d’humiliantes. « Ces sanctions vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires et de fourniture en courant électrique. Néanmoins, toutes les dispositions urgentes sont en train d’être prises pour atténuer au maximum l’impact des sanctions ». Ironie de l’histoire ou tragédie du destin, on se rappelle que Mohamed Bazoum qui était alors l’une des principales figures de l’opposition, avait demandé à ce que l’ancien président Mamadou Tandja soit jugé pour haute trahison au lendemain de son renversement lors du coup d’État du 18 février 2010.
Mawulolo Ahlijah