Politique: que vaut la résistance de Rhissa Ag Boula l’ex-chef rebelle qui veut défier le CNSP ?

Niger

(Les Échos du Niger 14 aout) Les médias occidentaux le considèrent déjà comme un interlocuteur de plus dans la crise politique que traverse le pays depuis l’éviction du président Bazoum. Rhissa Ag Boula, ancien chef rebelle Touareg, ancien ministre et ex-conseillé de l’ancien président Mahamadou Issoufou a annoncé le 8 août la création d’un front de résistance en vue de remettre en place, le président déchu Mohamed Bazoum. Il a baptisé ce mouvement, Conseil de la Résistance pour la République (CRR).

Dans ce qui peut être considéré comme une déclaration de guerre, Rhissa a appelé les militaires a procédé à l’arrestation du général Tiani qui est actuellement à la tête de la junte et a promis de mettre tout en œuvre pour le rétablissement au pouvoir du président Bazoum. Si ces déclarations semblent réjouir certains pays occidentaux qui voient leur présence dans cette partie du monde être sérieusement remis en cause par ce coup d’État, les chances que l’entreprise Rhissa Ag Boula réussissent sont faibles. Le ministre chargé de la sécurité du président déchu, confond-t-il le contexte actuelle à la rébellion Touareg de 1990? Pour rappel, les rébellions Touareg qu’a connues le Niger n’ont jamais suscité l’empathie de la population. Ce groupe ethnique également présent au Mali et qui s’est toujours senti marginalisé par le pouvoir centrale de Niamey  représente environ 8% de la population selon les données démographiques de l’INS.

Un minaret d’Agadez

Certes le sexagénaire est un maquisard dans l’âme, ayant d’abord pris les armes en 1990, Rhissa Ag Boula a combattu aux côtés du célèbre Mano Dayak. Après le coup d’État d’Ibrahim Bare Mainassara, il devient ministre du tourisme. Ce poste, il le conserve jusqu’en 2004 sous la présidence de Mahamadou Tandja. Accusé de meurtre en 2004, il sera demi de ses fonctions puis arrêté. Libéré grâce à une médiation libyenne, il trouvera l’asile en France avant de regagner Niamey à la faveur du coup d’État contre le président Tandja où il sera une fois encore arrêté avant d’être reconnu non coupable par la justice. Même s’il semble aujourd’hui se battre pour la restauration d’un certain ordre constitutionnel au Niger, Rhissa Ag Boula a peu de chance de rallier à sa cause un grand nombre de Nigériens.

Le jeudi dernier, le porte-parole dudit mouvement Abdoul Moumouni Abass s’est exprimé sur la radio burkinabè Omega. Invité du journal par téléphone dans l’édition de 12h 15, le sieur Abdoul Moumouni a tenu des propos qui porte atteinte à la cohésion sociale. Depuis son exile parisien choisi, il a appelé les Nigériens à restaurer le président Bazoum par tous les moyens. Ce message n’est pas passé inaperçu pour les autrices du pays. Le même jour, le porte-parole du gouvernement a dans un communiqué, annoncé la suspension des diffusions de la radio suite aux propos qui « appelle à la guerre contre le peuple frère du Niger qui a décidé de prendre son destin en main » peut-on lire dans le communiqué. Le CRR qui est créé sur les cendres de certains ex-mouvements rebelles Touaregs va à la limite mener des attaques contre les forces armées dans la région d’Agadez comme cela a été le cas pendant les conflits précédemment mentionnés. 

Abdoul Moumouni

Toutefois, elle pourrait aussi faire face à l’opposition d’autres groupes rebelles Touareg qui ont apporté leur soutien au CNSP à l’exemple de l’Union des Forces Patriotiques pour la Refondation de la République (UFPR) du jeune maquisard Mahmoud Sallah. Rappelons que la région d’Agadez est riche en minerai, notamment en Uranium. La majeure partie de la production du pays est acheminée vers la France, ancien pays colonisateur. Cette situation fait dire à certains analystes que cette rébellion serait la réponse toute trouvée par une France désespérée pour déstabiliser le pays et se maintenir en place.

Youssouf Sériba

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