! Triste ! C’était pourtant un grand artiste, l’un des meilleurs de sa génération, qui a marqué les années 80 de sa mélodie et qui a “célébré” plusieurs mécènes et grands hommes contemporains: Alhadji Congo “Bakin Batoure”, Tchana Aoula Koira, Waziri Adji, Hamidou Dourfaye, Mounkaila Sakoira, Ide Goubakoye et plusieurs autres dont des tailleurs, des chauffeurs, des restauratrices, des conducteurs de taxi etc. Dabgue était un artiste! Hama Dabgue s’identifiait à Shata, il se flatte d’être le “Shata Nizer”, et sait chanter avec dextérité autant en Haussa qu’en Zarma, sa langue maternelle. Fils d’érudit musulman, il n’usurpe pas, quand il se fait appeller ” Hama Dan Malam”. Son père était des premiers compagnons de Cheikh Aboubacar Hassimi Kiota. Ses frères sont parmi les talibés les plus reguliers dans la sainte Cité. Rien ne le prédestinait à la chanson, tout est tracé pour faire de cet ex-Talibé, un “Alfa”, un “Malam”, un maître du Coran. Mais c’est Allah qui choisit… Les vicissitudes de la vie ont eu raison de sa belle voix et de sa svelte et joviale carrure, lui “l’enfant chouchou” à la voix ornée . Sexagénaire , groggy par les aléas de la vie, il était physiquement chancellant, vivant presque au jour le jour… Il s’en va, à …seulement un peu plus de 60 piges! Avant lui, plusieurs autres virtuoses sont parties, ensevelies dans l’oubli et l’anonymat : Abdou Katche Katche, Boube Diallo,Jhonny Maiga, Rogozo, David Guezband,et bien d’autres…Sûrement que d’autres gloires artistiques sont soit dans la misère, soit grabataires, en attendant la faucheuse dans…l’anonymat ! Et l’oubli “cynique” de la République et des…médias.
Djibril Saidou