27 décembre : les dessous malsains d’un double scrutin apaisé

Élections Niger
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Par Soumana Adamou

Le dimanche 27 décembre 2020, les élections présidentielles, premier tour, couplées aux législatives ont pu se dérouler au Niger sans incidents majeurs comme ce fut le cas aux élections locales du 13 décembre dernier. C’est sans doute la raison pour laquelle, le SG de l’Onu, l’ambassade des USA au Niger, les missions de l’Oif, de la Cedeao, de l’UA, de la Cen – Sad pour ne citer que cela ont salué chacun en ce qui le concerne, le peuple nigérien pour sa sagesse, à travers des communiqués qu’ils ont rendus publics. Le peuple Nigérien a fait preuve de hauteur de vue malgré la vive tension qui règne entre les différents bords politiques, due au caractère non consensuel des règles de jeux et le rejet de certaines candidatures, non moins importantes dont celle du chef de file de l’opposition Hama Amadou. La mobilisation était générale et tous les acteurs en présence avaient activement pris leurs places dans le processus électoral en cours. Il s’agit des forces de défense et de sécurité, des observateurs nationaux et internationaux, des médias dans leur ensemble et des citoyens nigériens dont il faut saluer l’engagement et la forte affluence pour accomplir ce devoir citoyen. Cependant à l’ombre de la mobilisation et la sérénité qui ont caractérisé le scrutin dans les centres urbains surtout, s’est déroulé des pratiques qui remettent en cause les bonnes notes que les observateurs surtout internationaux ont accordé pour ces élections au Niger. Des cas d’irrégularités multiples et divers ont été constatés et relevés dans le déroulement du vote dans plusieurs localités notamment en zones nomades. A Bermo, Tchintabaraden Malbaza par exemple, des témoignages fiables et authentiques ont rapporté des pratiques de fraude dont les auteurs sont identifiables. La haute autorité de lutte contre la corruption Halcia a pris des fraudeurs la main dans le sac à Malbaza. Le vendredi 8 janvier, le tribunal de Konni a prononcé une peine d’un(1) an de prison avec sursis contre des falsificateurs de procès verbaux de bureau de votes traqué par la Halcia. D’autres personnes mises en cause pour fraude et tentative de fraude seront incessamment traduit devant les tribunaux nous apprend une source de la Halcia.

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L’observatoire de la Halcia n’est pas le seul organe à avoir décelé des pratiques frauduleuses lors du double scrutin du 27 décembre.Quant on prend en compte la déclaration de l’observatoire du processus électoral(OPEL), elle dit avoir enregistré par le soin de ses équipes disséminées sur toute l’étendue du territoire où se déroule le vote, 1 075 appels qui s’assimilent à des plaintes sur leurs numéros verts puis 1 580 échanges sur le média social WhatsApp. Selon cet observatoire des élections, toutes ces plaintes sont en cours de traitement par leurs équipes en vue de produire une déclaration finale sur la mission d’observation qu’on leur a confiée. Aussi, il a été loisible de remarquer, comme lors des élections locales du 13 décembre 2020 que l’ouverture de plusieurs bureaux de vote a pris encore du retard à cause de l’ acheminement du matériel et/ou du personnel qui a connu un dysfonctionnement. Cependant, il faut noter que le personnel électoral, malgré qu’il soit mal formé comme nous l’avions relevé lors des élections locales, a connu une amélioration dans l’exercice de leur mission à l’intérieur des bureaux de vote. Tout de même, des observateurs ont remarqué selon ce qu’ils disent avoir vu, des urnes non scellées avec des bulletins non signés par les assesseurs à quoi il faut ajouter le code électoral qu’ils ne maîtrisent point. Par ailleurs, le constat est amer à certains endroits, pendant le déroulement du vote. Des partis politiques, comme la dernière fois n’ont pas su relever la qualité de leur représentation dans les bureaux de vote. Certains de leurs délégués sont très jeunes sans une conscience claire de l’importance de la mission à eux confiée. Mais la faute incombe à certains partis politiques qui peuvent envoyer de tels délégués pour leur remplir une mission, sans se soucier de leur prise en charge ne serait ce que pour cette journée. Pourtant le chef de file de l’opposition dans un point de presse à la veille des élections disait que cette fois ci, pour leur camp de la CAP 21, ils se feront représentés par les candidats aux élections locales dans les bureaux de vote en lieux et places des jeunes. Voilà une proposition qui, si elle était mise en oeuvre pouvait prévenir certaines situations désagréables. Certains responsables politiques ne mesurent pas encore l’enjeu de se faire bien représenté dans les bureaux de vote. Ce laisser aller n’est pas le cas pour le parti au pouvoir, le Pnds Tarayya, où les responsables prennent tout au sérieux en ce qui concerne les élections et ne laissent rien au hasard. L’on a constaté aussi la présence de mineurs non émancipés enrôlés, car munis de leurs cartes d’électeurs en bonne et due forme. Des situations qui, si elles sont décelées ici, ont sûrement passé inaperçues ailleurs. Des cas de braquages d’urnes ont été signalés ça et là. Des urnes ont été bourrées à dessein. Des cartes d’ électeurs ont été rachetées et à quelle fin? Les achats de conscience pour influencer le vote ont été monnaie courante ce jour là comme ce fut le cas, le 13 décembre aux élections locales. Certains malfrats du procesus électoral, fort d’une certaine couverture sûre, ne se voilent même plus la face, quand ils s’adonnent sans scrupule à cette sale pratique. Des commis de l’État malgrè les droits de réserve que leur impose leurs fonctions de service public, se sont versés dans la chose électorale pour prendre partie dans le processus de vote. Cependant, le plus regrettable et le plus inquiétant dans la vie d’une nation qui se veut démocratique, c’est l’absence de sanctions à l’encontre de ces citoyens qui sont pour la plupart, pris en flagrants délits de fraude ou la main dans le sac entrain de distribuer de l’argent. La distribution des billets de banque, des kits alimentaires et autres cadeaux à l’occasion de ces élections a d’ailleurs occupé une large place dans le déroulement des différentes campagnes électorales. Les voitures de l’État ont été abusivement utilisées lors des campagnes électorales. Pour la plupart, les candidats du pouvoir sont les plus indexés de toutes ces irrégularités. Aussi, nous sommes en droit de croire, vu l’impunité qui couvre ces actes inadmissibles qui jurent avec les normes démocratiques que le déroulement de ces différents scrutins ont étalé au grand jour l’incapacité pour le parti au pouvoir d’organiser des élections en bonne et due forme. Est ce à dessein ou c’est juste une pure incompétence.