Niger : la BCEAO sort-elle de la légalité ?

Economie Niger

(Les Échos du Niger 9 oct.) Cela fait bientôt deux (2) mois que la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a fermé ses robinets pour le Niger plongeant le paisible peuple nigérien dans une précarité catastrophique sur fond d’inflation sciemment orchestrée contre le pays. Cette situation découle des sanctions prises par la Cedeao lors du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernements du 30 juillet sur le Niger.

Réagissant au coup d’État du 26 juillet, la communauté ouest-africaine avait adopté une batterie de sanctions, notamment financières et monétaires. Si quelques-unes purement politiques de ces sanctions peuvent trouver leur fondement dans le protocole de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance, on ne peut pas en dire autant en ce qui concerne les sanctions monétaires qui ressemble plus à une agression contre le peuple nigérien.

Le 17 août dernier, le secrétariat général de la commission bancaire (COBAC) de l’Uemoa a indiqué avoir adressé une lettre aux directeurs généraux des banques pour les inviter à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour appliquer la décision de la Cedeao. Pour rappel, la BCEAO qui n’a pas vocation à faire de la politique a décidé de geler des avoirs financiers et monétaires du Niger dans les banques de l’espace Uemoa.  On note également le gel des avoirs monétaires et financiers des entreprises publiques et parapubliques du Niger ainsi que le gel des comptes des personnalités civiles et militaires impliqués de près ou de loin dans le coup de force du 26 juillet.

La banque centrale des États de l’Uemoa ne peut en aucun cas recevoir d’ordre des gouvernements ou des États membres

Si la Cedeao justifie ces sanctions par une volonté de retour à l’ordre constitutionnel, on peut s’interroger sur leurs légalités au-delà de leur caractère immoral et cruel. En effet, l’article 4 des textes fondateurs de la BCEAO indique clairement que la banque centrale des États de l’Uemoa ne peut en aucun cas recevoir d’ordre des gouvernements ou des États membres. Autrement dit, la BCEAO est une institution autonome qui n’est pas inféodée au pouvoir politique.

Et pourtant c’est bien suite à une décision des chefs d’États que l’institution a décidé de fermer ses portes à Niamey et de priver le Niger de ses avoirs.

Déjà décrié par une grande partie de la population en raison du FCFA, cette banque centrale qui pour beaucoup n’est qu’un outil du néocolonialisme risque de perdre le peu de crédibilité qui lui reste en allant ainsi contre les principes mêmes qui fonde son existence.

Au demeurant, la Cobac Uemoa si prompte à infliger des sanctions sur le Niger avait manqué de promptitude lorsqu’il s’agissait d’opérer sur des questions techniques relevant de sa mission régalienne de contrôle des banques et de protection des économies. En 2018, la plus grande institution de microfinance du Niger (selon la BECEAO) et l’une des plus importantes de la sous-région a fait banqueroute sans que la Cobac ne puisse faire quoi que ce soit. Apportant de l’eau au moulin du ministre des Finances du Niger de l’époque, le sulfureux Hassoumi Massaoudou, la Cobac Uemoa a précipité la faillite de cette August institution qu’elle avait pour mission de sauvé.

Mieux, tout récemment au nez et à la barbe de cette même organisation assurément incompétente, plusieurs milliards de francs CFA a été détourné à la Banque agricole du Niger BAGRI. Le pot aux roses a été découvert en janvier 2023. La Cobac qui faut-il le rappeler est le gendarme des banques de l’espace Uemoa n’y a vu que de la fumée. Aujourd’hui la faillite guette la BAGRI.

Les institutions financières doivent cesser d’être des gadgets ludiques aux mains de politiques débiles, sans quoi elles perdront leur vocation engendrant de conséquences calamiteuses sur nos économies fragiles.

Youssouf Sériba.

2 thoughts on “Niger : la BCEAO sort-elle de la légalité ?

  1. Pourquoi Platon est contre la démocratie ?
    Selon lui, la démocratie pervertit l’homme, corrompt la vie sociale et engendre la tyrannie. Pour assurer donc la liberté et la paix véritables des peuples, Platon indique, impérativement, une union de la démocratie à la monarchie.

    Quel est le fondateur de la démocratie ?
    Le grec Solon (640 à 558 av. J. -C.) serait à considérer comme le « père de la démocratie » : c’est au cours de son voyage en Égypte qu’il a connu pour la première fois cette notion d’égalité entre les êtres humains.

  2. C’est dommage pour le putschiste qui ne peut pas remplir son coffre!
    La démocratie respecté certaines règles, qui visiblement ne conviennent pas aux dictateurs.
    Bon baisse de russie

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