Issoufou : une tentative maladroite de se dédouaner de toute responsabilité dans le putsch au Niger

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Après trois semaines d’un silence assourdissant après le coup d’État qui a renversé Mohamed Bazoum, Mahamadou Issoufou, le mentor du président déchu, s’est enfin exprimé. Mais est-ce que cette interview à Jeune Afrique peut être qualifiée de prise de position, ou simplement d’une tentative maladroite de se dédouaner de toute responsabilité dans ce putsch ? Sa parole était attendue, certes, mais elle laisse un goût amer de superficialité et d’indifférence. Cet entretien, loin d’être une prestation éclairante, se dévoile comme une parade de justifications faibles.

Des réponses tièdes dans un climat brûlant…

En ces temps d’instabilité politique, le Niger attendait de l’ex-chef de l’Etat une dénonciation claire et implacable du coup d’État. Mais à la place, nous avons droit à des réponses évasives. Pourquoi tant de précautions et de non-dits de la part de celui qui s’est jadis positionné comme le gardien de la démocratie ?

Les zones d’ombre persistent…

Les allégations d’une possible connivence avec les putschistes ne sont pas nées de nulle part. Et sa défense, à la fois plaintive et évasive, est loin d’être rassurante. L’indignation de Mahamadou Issoufou ne suffit pas à dissiper les doutes. Les Nigériens attendaient de la clarté, ils n’ont reçu que des dénégations sans substance.

Des relations encombrantes…

Sa relation avec Bazoum, qu’il qualifie d’échanges quotidiens, ressemble davantage à un rideau de fumée qu’à une véritable clarification. Les rumeurs selon lesquelles il aurait imposé à Bazoum le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte au pouvoir à Niamey, à la tête de la garde présidentielle sont balayées d’un revers de la main. Mais cela est-il suffisant pour convaincre de son innocence ? Issoufou, plutôt que de dissiper les doutes, les a en réalité enracinés davantage.

La CEDEAO : une bouée de sauvetage commode ?…

Issoufou Mahamadou affirme être sur la même longueur d’onde que la CEDEAO. Se ranger du côté de l’institution régionale tout en prônant la négociation est une position ambiguë, presque opportuniste. Dans cette crise, l’ex chef d’Etat aurait dû faire preuve de détermination pour condamner le putsch comme à son habitude, cela n’a pas été le cas. Se cacher derrière la CEDEAO sans prendre une position claire soulève beaucoup de questions. La prise de parole de Mahamadou Issoufou, bien loin de l’éclat espéré, apparaît plutôt comme une pièce de théâtre mal jouée. Loin d’être le discours rassurant et clarificateur que l’on attendait, nous découvrons un politicien évasif, évitant habilement de prendre des positions claires. Les Nigériens assoiffés de vérité sur ce coup de force se sont vus offrir un breuvage dilué de généralités et de demi-vérités. Cette interview de Mahamadou Issoufou à Jeune Afrique, qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, est en vérité un affront à l’intelligence

L’Enquêteur du vendredi 18 août 2023