Niger : zoom sur une couverture sanitaire en progression escarpée

Santé

Le souci de favoriser l’accès aux soins de santé à un cout accessible pour tous les Nigériens particulièrement les plus démunies est au cœur des priorités des autorités publiques du pays depuis plus d’une décennie.  Depuis 2010, des investissements colossaux ont été effectués en vue de l’amélioration la couverture sanitaire (CSU) dans le pays et d’atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD). Ces investissements sont axés sur la construction d’infrastructure et le renforcement en personnels qualifiés. Malgré l’accélération de la croissance démographique qui a souvent annihilé les efforts du gouvernement on note une progression de la couverture sanitaire ascendante depuis 3 années successives. Dans un rapport publié par la CAPEG  (cellule d’analyses des politiques publiques et d’évaluation de l’action gouvernementale) en avril 2023 sur la performance de l’action gouvernementale, le taux de couverture sanitaire est passé de 52,68% en 2020 à 53,21 % en 2021 puis à 54,47% en 2022. Cette amélioration rendue possible grâce à la contribution des partenaires de l’État est perceptible sur le terrain même si elle n’est pas notoire dans beaucoup zones ou les soins demeures inaccessibles aux populations

Entre 2010 et 2023 plusieurs centaines de milliards de FCFA ont été investis dans le secteur de la santé dont quelques 600 milliards FCFA entre 2010 et 2016 selon le bilan du programme de Renaissance acte I de l’ancien président Issoufou.  Ces investissement se traduisent par la construction de deux (2) hôpitaux de référence (à Niamey et à Maradi); un (1) Centre Hospitalier Régional à Tillabéry ; 56 maternités; huit (8) centres mère-enfant  en raison d’un centre par région; 13 hôpitaux de district, 668 Centres de Santé Intégré (CSI) dont 193 de type II; la transformation de 78 cases de santé en CSI; un(1) centre national de lutte contre le cancer; un(1) centre de prise en charge des fistules obstétricales; En ce qui concerne le personnel en santé on note sur la même période,  le recrutement 5.324 agents de santé dont 916 médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes, 3.762 paramédicaux et 646 auxiliaires puis le recrutement de 3.176 contractuels Malgré que la population nigérienne soit passé de 17 million d’habitants à 20 millions entre 2010 et 2020, ces investissement ont eu des impact dans l’amélioration de l’accès des soins aux populations nigériennes dont plus de 41% vivent sous le seuil de pauvreté et 80 % selon l’Institut National de la Statistique (INS).

« Je suis vraiment satisfaite des soins que j’ai reçus »

A travers le pays, les responsables de de centres de santé notre une amélioration des indicateurs de santé dans tous les domaines de la sante publique, notamment la santé maternelle et infantile à la lutte contre les maladies les plus morbides dans le pays. A Zinder (2e région la plus peuplée du pays), plusieurs centres touchés par ces investissements ont vu leurs indicateurs évolués du fait de l’amélioration de qualité de leurs services. C’est le cas du CSI de Koleram, située à 18 km de Zinder chef-lieu de la région du même nom.

Dr Tatali Ibrahim

« Avant, nous avions des difficultés à pouvoir prendre en charge les femmes enceinte. Depuis un an maintenant nous avons une maternité flambant neuve qui nous a permis d’augmenter significativement le taux d’accouchement au CSI qui est passé de 6,60 % à 25 % dans les dernières mises à jour » indique Dr Tatali Ibrahim chef CSI KoleramMême son de cloche à Maradi la région la plus peuplé au Niger. Au CSI Ali Dan Sofo située en plein cœur de la ville de Maradi, nous avons croisé Mme Manirou Nafissatou une utilisatrice des services de planification familiale (PF). « Je suis vraiment satisfaite des soins que j’ai reçus. En plus d’être bien accueilli j’ai reçu la totalité des produits que je suis venu chercher et c’est ainsi depuis un peu plus d’un an il n’y a pas de rupture de médicament surtout en ce qui concerne la PF j’espère que cela continuer » a confessé la jeune dame. 

Mme Manirou Nafissa

Quoique louable, ces efforts sont loin d’être suffisants, une grande majorité des populations se plaigne de l’inaccessibilité des services de soins en santé.

« Les médecins m’ont fait payer les médicaments contre le palu ainsi que 1000 francs pour une injection »

Issa Dalibi père de 3 enfants, habite à Maradi aussi, au quartier Yan Balbeloului. Souleymane son premier enfant était tombé malade de palu en juin, il a dû faire le tour de plusieurs centres pour trouver des soins pour « J’ai amené mon fils au CSI Zariah, au CSI YanBalbelou et au CHR et dans tous ces hôpitaux, on me dit qu’il n’y a pas de d’intrants médicaux je devais les payer moi-même. Au moment où je vous parle, j’ai mon deuxième garçon Abdoul Majid âgé d’un an cinq mois qui est aussi malade du palu. Je l’avais amené hier au CHR et les médecins m’ont fait payer les médicaments contre le palu ainsi que 1000 francs pour une injection », relate-t-il, dénonçant pour sa part les dysfonctionnements de gratuité des soins mise en œuvre par l’État du Niger à partir de 2006, et qui est censée améliorer l’accès aux soins de santé pour les femmes et les enfants de moins de cinq ans.

Issa Dalibi

Selon l’ancien président de la République du Niger Issoufou, lauréat du prix du Leadership Speak-Up Africa pour ses efforts en matière de lutte contre le palu le goulot d’étranglement pour une meilleure couverture sanitaire au Niger c’est le défi démographique. Malgré les investissements de taille effectuée dans ce sens de manière continue depuis 10 ans, les indicateurs de la CSU ne bougent pas de manière escomptée déplore-t-il dans une adresse à la nation en fin de son mandat. Ces indicateurs sont notamment : l’amélioration de l’offre de soins de santé, l’amélioration de la protection financière des usagers, l’amélioration des déterminants de la santé et de la rationalisation du système de financement de la santé. Afin de relever ce défi de l’amélioration significative de la CSU, le gouvernement de Mohamed Bazoum a adopté en juillet 2021, la stratégie nationale de couverture sanitaire universelle (SNCSU) pour la période 2021-2030. Celle-ci repose sur une mobilisation de l’ensemble du pays dans l’atteinte de l’objectif 3 des Objectifs de Développement Durable (ODD), à savoir « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».

Youssouf Sériba

Ce reportage est réalisé avec l’appui de Speak-Up Africa dans le cadre du programme ‘’Lines for impact’’