Gouvernance : Zoom sur le projet Jagoranci dans les régions de Maradi, Zinder et Tillabéri au Niger

Gouvernance

La bonne gouvernance constitue le socle de tout développement économique et social dans un État. Au Niger, les autorités depuis quelques années n’ont cessé de multiplier les actions à l’endroit des communautés locales en ce sens. Conscient de l’importance des communes dans la promotion de la bonne gouvernance, l’Agence des Etats Unis pour le développement international (USAID) a lancé le projet Gouvernance Résiliente au Niger Jagoranci, qui signifie « bonne gouvernance » dans la langue Haoussa. Après plusieurs mois d’activités sur le terrain, une équipe de journalistes est allée à la rencontre des maires et des responsables de la société civile ainsi que des autres acteurs impliqués dans la gouvernance locale dans les régions de Maradi, de Zinder et Tillabéri. L’objectif est d’évaluer l’impact du projet sur les populations.

Au Niger, la mauvaise gouvernance est un véritable problème public. Les citoyens se plaignent non seulement d’être laissés pour compte par les collectivités locales, mais également d’être confrontés à la corruption au quotidien. Dans de nombreuses communes, les représentants de la société civile et les responsables des communes sont souvent observés avec beaucoup de méfiance, chacun des camps s’accusant mutuellement de ne pas bien jouer son rôle. Les grands perdants de cette situation sont les populations qui ne bénéficient pas d’une amélioration de l’offre et de la qualité des services publics. La mise en œuvre du projet USAID Gouvernance Résiliente au Niger Jagoranci a permis de changer la donne dans la majorité des communes de la région de Maradi, de Zinder et Tillabéri. Ce projet a permis de renforcer la participation des communautés à la gestion des mairies et d’améliorer la délivrance des services sociaux. Pour Zeynabou Ibrahim, secrétaire générale de la mairie de Chadakori (région de Maradi), le projet Jagoranci a permis de mettre sur pied des cadres de concertation entre la mairie et les citoyens.

l.Zeynabou SG Mairie de Chadakori

Il a également permis de faire revivre les Comités de veille citoyenne (CVC) ce qui a permis aux acteurs d’échanger et d’appuyer l’action du maire. « Avec ce projet, tous les acteurs se sentent concernés et impliqués dans la gestion de la commune » a-t-elle déclaré avant de préciser qu’auparavant la mairie avait déjà bénéficié des projets comme le consortium Femme Fao Fida qui a permis de renforcer la résilience alimentaire. « Le projet Jagoranci est venu à point nommé pour aider les maires à faire face aux problèmes créés par le coronavirus. Il a permis d’apporter les ressources nécessaires à une bonne gestion de la ville. » a-t-elle ajouté avant de demander plus de soutien de la part de l’USAID. Même son de cloche chez Amadou Habou, maire de la commune rurale de Wacha (région de Zinder). Pour lui, le projet Jagoranci est le meilleur partenaire de sa commune. Il a félicité surtout le projet pour son caractère inclusif. «Jagoranci a permis la prise de conscience de toutes les couches sociales : les syndicats, les jeunes, les femmes, les religieux, les personnes handicapés, sur le rôle qu’elles doivent jouer pour le développement de la commune ».

A.Habou Maire de Wacha

Il a également indiqué qu’avant ce projet, sa commune avait bénéficié de nombreux projets initiés par le Ministère de l’intérieur pour renforcer la capacité des responsables sur la thématique de la décentralisation. « Le projet Jagoranci a permis de sensibiliser les communautés sur les droits et devoirs des administrés et des mairies. Plusieurs structures de développement et de cohésion sociale ont pu être mises en œuvre dans le cadre de ce projet et tout le monde a pu participer. Les CVC sont devenus des collaborateurs directs du maire et le projet a permis d’élaborer une stratégie de communication au niveau de la mairie et un budget efficace  » a expliqué le Maire Wacha. Il appelle toutefois à l’USAID de bien vouloir accélérer le financement des micro-projets élaborés par la mairie autour de la thématique de la gestion des biens appartenant à plusieurs structures. Salamatou Souley, la maire de la commune urbaine de Kollo (région de Tillabéri)n’a pas également manqué de féliciter l’USAID pour le projet Jagoranci. Elle a indiqué que ce projet a permis de renforcer le dialogue entre les différentes couches de la communauté et le règlement de certains problèmes. « Le projet a assaini les relations entre les agents, les administrés et les élus locaux. Nous avons été formés sur la gestion du foncier et nous assistons grâce au projet Jagoranci à la redynamisation des CVC qui étaient inactifs » explique la maire de Kolo.

S.Salamatou Maire de Kolo

Comptant sur la poursuite du projet, elle saisit l’occasion pour demander à l’USAID un appui en matériels pour permettre aux agents de bien mettre en pratique les compétences acquises lors des ateliers de renforcement de capacité. Les autres acteurs impliqués dans la mise en œuvre de ce projet sont également satisfaits par les retombées. Kimba Amadou, le coordinateur régional du projet Jagoranci à Maradi a rappelé les objectifs du projet et les différentes actions qui ont été menées pour renforcer les Comités de veille citoyenne. Il a donné l’exemple des plaidoyers qui ont été menés par ces comités dans le domaine de la santé. Ces actions ont permis aux permis de ramener le montant des évacuations sanitaires de Chadakori vers Maradi de FCFA 8,000 à 6,000 et de fixer le montant des consultations à 1100 francs. Des actions de sensibilisation ont été menées par les comités pour vulgariser ces nouveaux tarifs. Le Dr Moussa Konaté Ousseini, responsable du Centre de santé intégré (CSI) de Chadakori a pour sa part expliqué comment Jagoranci a permis de renforcer la participation des communautés à la gestion de l’hôpital et permis au CSI d’avoir des recettes de l’ordre de 1 à 2 millions par mois ce qui était impossible auparavant.

K.Amadou USAID-Jagoranci Maradi

Ces changements ont été rendus possibles grâce à l’implication des CVC et des nombreuses réunions effectuées avec les représentants de la communauté. Mr Mahamadou Moussa Waïzou, représentant du CVC à Chadakori a indiqué que grâce à ce projet les paysans connaissaient désormais leurs droits et leurs devoirs dans la commune. Il a aussi expliqué que les comités travaillaient en étroite collaboration avec les chefs du village et les responsables des services de santé pour mener des plaidoyers afin de rendre plus accessibles les services sociaux aux populations.

Youssouf Sériba