USAID-Adalchi: au cœur de la consolidation de la paix dans le village de Sakoira à Tillabéri

Gouvernance Sécurité

Située dans le sud-ouest du Niger, à la frontière avec le Mali et le Burkina Faso, la région de Tillabéri couvre une superficie de 97,251 km2, soit 7,7 % du pays. Depuis 2018, cette partie du pays est touchée de plein fouet par le banditisme armé, causant ainsi des milliers de déplacés. L’environnement sécuritaire reste fragile, marqué par la recrudescence des activités des groupes armés non étatiques, et l’émergence de banditisme armé. Dans le village de Sakoira, l’Agence des Etats Unis pour le développement international (USAID) au Niger, a mis en œuvre le projet Adalchi. Son objectif est de promouvoir les dialogues communautaires afin de résoudre les conflits, gage de paix et de cohésion sociale.

A travers son intervention, le projet USAID Adalchi a formé des chefs de villages, des chefs de canton, des chefs locaux, des chefs traditionnels, des leaders religieux, des femmes leaders afin qu’ils soient les médiateurs en cas de conflit au sein de la communauté. Ces participants ont été formées sur les droits humains, la prévention et la gestion des droits des femmes et l’accès à la justice et la médiation et la gestion des conflits. A Sakoira, les communautés vivent de l’agriculture et de l’élevage. Les insuffisances des ressources en eau et le manque d’espace de cultures ou d’aires de pâturage, accroît les risques de conflits. Ce risque est exacerbé par l’arrivée de flux de déplacés fuyant le terrorisme au Mali voisin. Avec les préjugés autour des institutions judiciaire et la capacité de celle-ci à réagir de manière prompt, la médiation joue un rôle de premier plan dans le village de Sakoira Madame Mamata, femme leader du village a bénéficié des formations du projet USAID Adalchi. Selon elle, le projet a apporté beaucoup de changement au sein de son village. Auparavant, les chefs du village et les personnes auprès desquelles le population se référait en cas de conflit avaient du mal à bien trancher. Mais, avec l’intervention de ce projet, cela a changé. « J’ai été sélectionnée par le projet USAID Adalchi en tant que femme leader. J’ai reçu des formations sur la gestion des conflits et la médiation. Cela m’a permis d’interagir au sein de ma communauté pour résoudre les conflits. J’ai restitué les formations que j’ai reçues auprès des autres femmes. On se relaie entre nous pour faire des sensibilisations sur les conflits communautaires et le bien être social. Depuis l’avènement du projet Adalci, je suis sollicitée pour participer en tant que médiateur lorsqu’il y a un conflit, » explique Mamata.

Mme Mamata, leader communautaire.

Grâce à ses formations reçues, « nous avons organisé beaucoup de rencontres, d’échanges et de sensibilisations entre les agriculteurs et les éleveurs, les jeunes, les femmes et les leaders de notre village dans le but de lutter contre les conflits, favoriser le dialogue communautaire, l’accès à la justice, l’accès des femmes au terres » a indiqué la femme leader. Grâce aux interventions du projet, les agriculteurs et les éleveurs ont signé des engagements pour une paix sociale dans le village. En ce qui concerne l’accès des femmes à la terre, avant ce projet, les femmes n’héritaient pas de la terre. Cependant « avec la sensibilisation sur les droits humains et le droit des femmes, nous héritons la terre de nos parents » témoignage Mamata. L’implication des personnes vivant avec un handicap… Le projet USAID Adalchi, dans sa mise en œuvre, a fait de l’inclusion sociale un pilier. Les couches les plus marginalisées des villages participants ont été impliquées. C’est le cas de Zourkaleyni, une personne vivant avec un handicap qui lui aussi a bénéficié des formations sur la médiation et la gestion des conflits au sein de son village. Pour lui, l’approche utilisée par le projet USAID Adalchi, c’est-à-dire la promotion des dialogues communautaires comme mécanisme de résolution des conflits pour assurer la cohésion sociale, a été très bénéfique pour la population de son village en général et des personnes vivant avec handicap en particulier. Cela a permis d’instaurer un dialogue communautaire participatif où tout le monde est impliqué. « Je suis médiateur communal du village de Sakoira. Je suis très satisfait de l’intervention du projet USAID Adalchi. Malgré mon handicap, j’ai été choisi par ma structure. L’USAID ne m’a pas écarté moi et mes autres camarades handicapés. J’ai bénéficié d’un renforcement de capacité » à déclaré Zourkaléni.

M. Zourkaleyni, médiateur

Ce dernier indique « J’ai appris a rédigé des procès-verbaux de médiation lors des formations que j’ai suivi avec le projet USAID Adalchi. j’ai restitué les compétences acquises au niveau de la population et auprès de mes confrères handicapés notamment sur leurs droits ». Selon Zourkaléni « en cas de conflit, la médiation se fait au plus bas niveau c’est-à-dire au niveau des chefs du quartier qui ont aussi été formés sur ces questions. Si on n’arrive pas à trouver un chemin d’entente, on transmet cela auprès du chef de village » a-t-il expliqué. Les résultats du projet USAID Adalchi dans le village de Sakoira sont sans appel. Des médiateurs communautaires sont formés afin de résoudre les conflits intercommunautaires. Le droit des femmes et des personnes en situation de handicap est promu, l’accès à la justice est régulé et la population a compris le sens du dialogue communautaire.

Youssouf Seriba