Un projet qui œuvre pour le maintien des jeunes filles à l’école dans les régions de Maradi et Zinder

Femme Nigérienne Société

Au Niger, le mariage des enfants est une problématique de société auquel les responsables politiques tentent d’apporter des solutions idoines en vue de son éradication. Selon le ministère de la Promotion de la femme et de la protection de l’enfant, plus de 76 % des filles au Niger sont mariées avant l’âge de 18 ans. Environ 30 % sont mariées avant l’âge de 15 ans, et très souvent malgré elles. Afin d’aider les autorités nigériennes à mettre fin à ce fléau, l’Agence Américaine pour le développement international (USAID) met en œuvre le projet USAID GirlEngage dans les régions de Maradi et Zinder où la pratique est plus ancrée. Ce projet vise à réduire l’incidence du mariage précoce et forcé, à travers le maintien des filles âgées de 9 à 15 ans à l’école.

A l’issue de deux années de mise en œuvre dans les régions de Maradi, Tillabéri et Zinder, le projet GirlEngage a transformé positivement la vie des femmes et des jeunes filles vivant dans les zones d’intervention. C’est au total 2,400 filles, âgées de 9 à 15 ans, qui ont bénéficié de ce projet. De façon opérationnelle, le projet a procédé à la création et l’encadrement de comités qui mènent des actions communautaires pour faciliter le bien-être des filles et des femmes par l’élimination des violences basées sur le Genre. Les participantes de Chadokori et Guidan Sory se sont dit très satisfaites du résultat après l’intervention du projet: « Avec la formation que j’ai reçu grâce au projet USAID GirlEngage, je sensibilise les enfants et les jeunes filles sur le bien être social, le développement de leur vie, la façon dont ils devront se comporter avec leurs parents et leur entourage dans la paix et la cohésion sociale » nous explique madame Hassia Seydou Ousmane bénéficiaire du projet USAID GirlEngage.

Hassia Seydou Ousmane

Pour Salamatou Ibrahim, représentante des femmes du village de Koki, le projet USAID GirlEngage a apporté beaucoup d’évolution dans la vie des femmes et des jeunes. Selon elle, avant l’intervention du projet, les filles de son village étaient confrontées au mariage précoce ou forcé, et au manque de scolarisation. Grâce à des séances de formation qu’elles ont reçu, les femmes du comité communautaire ont effectué des campagnes de sensibilisation afin d’attirer l’attention des parents sur les conséquences des mariages forcés ou précoces et l’importance de la scolarisation de la jeune fille. « La formation que j’ai reçue m’a beaucoup outillé sur les façons de sensibiliser les parents et les jeunes filles sur les dangers du mariage précoce et forcé et l’importance de la scolarisation de la jeune fille. J’ai même créé un cadre d’échange au sein de mon village. Ce cadre nous permet de nous retrouver chaque semaine pour parler des problèmes que rencontrent les femmes et les jeunes filles dans notre village. Avec ces échanges que nous faisons, les mariages précoces et forcés ont diminué. Beaucoup de parents envoient leurs filles à l’école. Il y a même des filles qui avaient abandonné l’école qui sont retournées » explique Salamatou Ibrahim.

Salamatou Ibrahim

Avec comme objectif l’engagement communautaire en matière de gouvernance et résilience, le projet USAID GirlEngage a beaucoup contribué dans le développement social, économique et culturel des populations cibles. Monsieur Abdoul Karim Roua, président du Comité villageois de protection de l’enfant (CVPE) se dit content de l’intervention du projet, « le projet nous a apporté de l’aide dans plusieurs domaines que ce soit le domaine de la santé, des activités communales, la sensibilisation des mères et des jeunes filles sur le mariage précoce, la lutte contre le paludisme » a-t-il indiqué. Des CVPE ont été également mis en place dans le cadre du projet. Monsieur Abdoul Malik Souley, premier rapporteur de CVPE et Directeur de l’école de Koki, a rappelé la situation qui prévalait avant l’intervention du projet dans le village ainsi que les conditions de vie de cette population. Selon lui, le projet USAID GirlEngage a fourni un grand effort dans le changement de comportement de la population du village. Les cas des mariages précoces et forcés ont disparu et l’engouement des jeunes filles pour l’école a augmenté. « Je dirais que le problème du mariage précoce ou forcé des filles ne se pose plus dans notre village. A ce jour, plus de 80% partent à l’école et le mariage précoce a disparu. Cela a été possible grâce à la formation que nous et les villageois avons reçu sur les enjeux du mariage forcé et précoce ainsi que l’importance de la scolarisation de la jeune fille. Nous continuons à faire des réunions chaque mois pour davantage sensibiliser les parents et les jeunes filles sur ces questions. Par exemple, dans ma classe de CM2, les élèves sont au nombre de 70 dont 30 filles. Ces 30 filles viennent régulièrement à l’école nous les suivons pas à pas » se satisfait Abdoul Malik Souley.

Abdoul Malick Souley

Le projet GirlEngage a eu à faire de manière pratique des réalisations à fort impact. Plus de 1,200 filles de 9 à 15 ans sont scolarisées grâce à l’intervention du projet qui a également permit la formation 12 mentors, la mise en place de 6 Comités villageois de protection de l’enfant (CVPE), la formation de 71 Membres des CVPE, la mise en place de comités de pilotage du projet, de 3 comités communaux de 8 membres chacun et d’un comité régional de 9 membres dont 3 par commune, le mapping des alternatives éducatives, et un atelier de révision du code de conduite des établissements scolaires. Ainsi, la vie de ces populations a changé, les filles sont de plus en plus scolarisées ce qui a fait reculer le mariage précoce ou forcé au sein des communautés.