Le Niger, pays sahélien, est exposé de façon récurrente à plusieurs chocs et aléas climatiques, rendant fragile les moyens de subsistance d’une grande partie de la population. L’économie nationale, fortement tributaire des activités rurales, est mise à rude épreuve par la sécheresse et la désertification. Les ressources naturelles, bases essentielles de production, font face à une dégradation qui est à l’origine de la contre-performance du secteur rural. Cela se traduisant notamment par une baisse de la productivité agricole (agriculture, élevage, foresterie, pêche…), une insécurité alimentaire quasi permanente et une détérioration des conditions de vie des populations rurales. Les systèmes de productions extensifs de l’agriculture pluviale se caractérisent également par une faible productivité liée aux pratiques agricoles en milieu rural.
Quels solutions faut-il envisager pour résoudre ces problèmes et atteindre l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle au Niger ?
Pour résoudre ces différents problèmes, la pratique de l’approche Agroécologique est nécessaire. Mais qu’est-ce qu’on attend par agroécologie ?
Concept nouveau, l’agro-écologie s’impose dans le monde entier comme une approche efficace pour combattre le changement climatique et les défis interconnectés auxquels sont confrontées la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle est souvent présentée comme un modèle de développement alternatif capable de réconcilier la production agricole avec une meilleure conservation des ressources renouvelables. Elle dépasse largement les seules considérations sur les changements techniques pour s’intéresser aux conditions de renforcement de l’agriculture familiale.
Comme stratégie de développement rural, l’agro-écologie s’accompagne de processus de transition compris comme des étapes de construction progressive de systèmes productifs locaux agro-écologiques, des interactions entre les agroécosystèmes et leurs pratiques locales et des analyses confrontées aux savoirs scientifiques.
Selon Olivier de schutter, l’agro-écologie consiste pour le paysan à chercher à imiter la nature dans son champ. Elle mise sur les complémentarités entre différentes plantes et différents animaux. Olivier perçoit l’AE comme un cycle, où le déchet qui est produit sert d’intrant, où les animaux et les légumineuses servent à fertiliser les sols, où même les mauvaises herbes remplissent des fonctions utiles.
L’agro-écologie cherche en effet la construction de nouvelles pratiques socio-productives en harmonie avec les écosystèmes à partir d’une nouvelle utilisation des ressources offertes par leurs fonctionnalités naturelles. L’agro-écologie couvre ainsi un champ de connaissance qui se base avant tout sur l’évaluation des potentiels locaux des agroécosystèmes.
Également, elle contribue à la lutte contre les changements climatiques, à la fois dans la stratégie d’adaptation mais aussi de mitigation, conformément aux accords souscrits par le Niger et par 190 autres pays dans le monde à la COP 21 à Paris, en décembre 2015.
L’agro écologie constitue une forme de résistance majeure à un système économique qui place le profit avant la vie afin d’améliorer la manière dont sont produits et consommés les aliments. Cela dans le but de réaliser effectivement et durablement le droit de chacun, sans discrimination, à une alimentation saine et suffisante.
Au Niger, depuis quelques années, beaucoup d’ONG et associations, des organisations de la société civile intervenant dans le domaine de l’agriculture, l’élevage et l’environnement ont adopté dans leurs façons de faire l’approche Agroécologique. Cela, dans le but d’appuyer les efforts de l’Etat du Niger et ces partenaires dans l’attente des Objectifs de Développent Durable (ODD), notamment l’ODD 2 (FAIM Zéro) qui prône la souveraineté alimentaire et nutritionnelle.
L’agro-écologie est une approche qu’il faut valoriser pour garantir l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle tout en protégeant la biodiversité et lutter contre le changement climatique. Retenez cette citation de Pierre Rabhi qui dit que : « L’Agro-Ecologie est une technique inspirée des lois de la nature. Elle considère que la pratique agricole ne doit pas se cantonner à une technique, mais envisager l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie. Elle intègre la dimension de la gestion de l’eau, du reboisement, de la lutte contre l’érosion, de la biodiversité, du réchauffement climatique, du système économique et social, de la relation de l’humain avec son environnement ».
ABDOUL AZIZ MAMANE Salifou, journaliste
