(EDN 2 mars)48 heures après avoir été prononcé au palais de l’Élysée, le discours du président français Emmanuel Macron continue de faire parler les sociétés civiles d’Afrique. Les leaders des mouvements citoyens basés au Niger ne se sont pas aussi privés de donner leur avis sur les propos du chef de l’État de l’ancien pays colonisateur.
Ce qu’il faut tout d’abord savoir c’est que le Niger n’est pas a priori concerné par la réduction des effectifs militaires français en Afrique annoncée par le président Macron lors de son discours. Cette situation se justifie du côté de Paris par la poussée des forces Djihadistes dans le Sahel. Si cette décision est une douche froide pour beaucoup de Nigériens , le nouveau modèle de partenariat promu par Emmanuel Macron est aussi fortement critiqué. Il s’agirait ni plus ni moins d’une insulte à l’intelligence des Nigériens, selon Ibrahim Namaiwa, un membre du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable.
« Nous n’avons aucune concession à faire », explique-t-il. « Nous voulons que les soldats français qui sont sur le territoire nigérien plient bagage et quittent le territoire nigérien de façon effective ».
Pour le coordonnateur de Tournons la page, Maikoul Zodi la France n’a aucun résultat à mettre en avant au Niger en matière de lutte contre le terrorisme. « Quelle cogestion ? C’est-à-dire qu’il nous minimise, il ne nous respecte pas. Mais ici, ils n’ont aucun résultat et il parle encore de vouloir rester. Cela veut dire que c’est une insulte à l’égard de notre souveraineté » s’insurge-t-il.
Abass Aboulmoumouni, un expert sur les questions de sécurité et de gouvernance estime de son côté qu’Emmanuel Macron doit comprendre que l’Afrique change et que certaines pratiques sont révolues. «Aujourd’hui, le président français a tout intérêt à comprendre que la France doit changer de visage et ce n’est pas à travers des expressions comme la cogestion et la coopération qui sont restées les mêmes termes que celles que la France a utilisées de l’indépendance à aujourd’hui pour gérer nos dirigeants. Je ne pense pas qu’il y aura de différence » explique-t-il.
Le moins qu’on puisse dire est que les Nigériens dans leur large majorité ne semblent pas satisfait de ce discours. Comme au Mali et au Burkina voisin, le sentiment anti-français est très marqué au Niger depuis le début de la crise sécuritaire au Sahel.
Mawulolo Ahlijah