240 millions de francs CFA, c’est l’estimation du total de montants mystérieusement disparus dans une affaire combinée de change et de transfert de fonds de la Libye en direction du Niger, à Tahoua principalement. Au centre de l’affaire, un jeune ressortissant de Tahoua basé à Tripoli qui a monté un business très lucratif de change et transfert de fonds. Après plus de 2 années de loyaux services à la satisfaction de ses clients, un matin le jeune Moussa disparaît de Tripoli avec lui, l’argent d’une dizaine de clients estimé à 240 millions FCFA.
L’affaire remonte à quelques mois de cela, Moussa Mahamane Salissou responsable d’une entreprise informelle de conversion de devise est introuvable à Tripoli où ce dernier est basé depuis plus de 5 ans. Un peu plus d’un mois auparavant, il avait reçu de plusieurs de ses clients l’équivalent de 240 millions de FCFA en dinar libyen que le changeur devait convertir en francs CFA et transférer au Niger plus précisément à des destinataires se trouvant à Tahoua. Plus d’un mois après sa disparition aucun de ses clients dont la majorité sont nigériens n’avait de nouvelles de lui et dans leurs recherches, ils apprennent que 2 frères arabes Sala Amane et Kader Amane sont activement à la recherche du jeune Moussa à qui ils ont confié l’équivalent 31 millions de FCFA. Ces derniers ont été les tuteurs du changeur quand il mit pieds pour la première fois à Tripoli, 2 années plus tard, il reçoit de ces derniers un fonds de démarrage pour ses activités de change et transfert de fonds sous condition de partage de bénéfices. Moussa, qui a déserté son domicile à Tripoli sans crier gare, a été retrouvé par la gendarmerie à Tahoua à la suite de plainte d’une des victimes. Le mercredi 20 avril, il est traduit devant le juge du pôle économique et financier du Tribunal Grande Instance hors classe de Niamey avec en face de lui une dizaine de victimes constitués en parties civiles qui réclament leurs fonds. Parmi eux, Salifou Chaibou 47 millions de FCFA; M.Cheffou 31 millions ; Aboubacar Oumarou 3,4 millions ; Garba Alassane 5,6 millions ; M. Nafiou 3,4 millions, etc. Tous basés en Libye, ils ont confié leurs fonds au prévenu pour transfert sur Tahoua. Pour sa défense, Moussa dit avoir été escroqué par la personne censée lui fournir les devises en FCFA, un supposé guinéen au nom de Mahamadou. « Cela fait plus de 2 ans maintenant, c’est lui qui me vend du CFA, je l’ai appelé comme d’habitude pour me fournir du CFA, nous nous sommes entendus sur le montant de 85 FCFA par dinar, et les clients avaient accepté ce taux donc j’avais réunis toutes les devises en dinar reçu pour les lui remettre. Il devait me revenir avec les devises FCFA en 48 heures. Passé ce délai, je ne le retrouve plus » avait expliqué très calmement le changeur l’air imperturbable. Avez-vous prévenu au moins un de vos clients sur ce qui était arrivée? De quelle Guinée est votre fournisseur, il y en a 3 ? Interroge successivement le juge. Moussa indique qu’il était en train de rechercher son prétendu fournisseur qu’il ignore de quelle Guinée il est ressortissant. Selon l’avocat des parties civiles, cet argent est avec le prévenu caché quelque part. « Il a agi à dessein créant un climat de confiance durant 2 ans au cours desquelles il a effectué toutes les opérations qu’on lui demande avec succès au centime près. Il se dit qu’il va faire la prison et sortir après pour se la couler douce » croit savoir l’avocat des victimes qui demande au juge de condamner le prévenu à payer toute la somme qu’il aurait volé aux victimes. Des interrogations du juge pour savoir si Moussa Mahamane Salissou dispose d’un patrimoine immobilier ont reçu des réponses négatives. Il dit détenir juste une voiture. Pour sa part, le parquet a requis la peine maximale de 5 ans de prison et 200 000 FCFA d’amende, le délibéré est prévu pour le 28 mai prochain.
Youssouf Sériba