Échos Tribune :Pourquoi nos généraux gardent-ils encore en otage Madame Bazoum et son fils Salem ?

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Si le patriotisme ne rime pas avec les droits humains et nos valeurs séculaires alors les Nigeriens vont très vite déchanter. On pourrait comprendre que le Président Bazoum soit encore pris en otage. Il est Chef de l’État, Chef Suprême des armées. Le pouvoir ne se partage pas, dit-on.

Désormais quelqu’un d’autre prétend exercer la même fonction que Bazoum. Tant qu’il continue d’être le plus fort, il n’y a rien à redire. Mais ce qu’il faut déplorer c’est le silence assourdissant sur la situation de Madame Bazoum et son fils. Même sur le terrain de la guerre, les personnes âgées, les femmes et les enfants ont droit à certains égards.

Nos généraux formés sous l’ère des droits de l’homme ont-ils oublié que le monde les observe ? Où sont les officines de défenseurs des droits humains ? Où sont les sages d’ici et d’ailleurs pour regarder impuissants une femme et un enfant subir ce traitement inhumain et dégradant ?

Il y a lieu de se plaindre de la démission de tous”…

Nous ne sommes pas à notre premier coup d’État au Niger sous l’ère démocratique, mais est-ce que Mesdames Tandja et Ousmane, pour ne citer que celle-ci, ont subi tant de torture et de violence ? On pourrait me rétorquer que Aissa Diori a été lâchement assassinée à l’occasion du pustch contre son époux. Paix à son âme. Notre propos est de demander humblement aux militaires que continuer à détenir une femme et un étudiant ne saurait les grandir. Bien au contraire. Mais comme à l’ ère du populisme la raison semble déserter les consciences, il y a lieu de se plaindre de la démission de tous. Les partis politiques qui ont subitement oublié leur vocation pour applaudir le nouveau “dodo”, les organisations de la société civile qui confondent vitesse et précipitation.

Lorsque j’observe des individus assez “civilisés” se substituer à la police de circulation pour fouiller et racketter des paisibles citoyens, je me dis que la boîte de Pandore ainsi ouverte risque d’échapper au contrôle des généraux maîtres de la révolution du Palais. Faisons attention. Ce pays est très fragile. Les actes posés par certains accompagnateurs du tourbillon actuel risquent d’engager le pays à la guerre de tous contre tous. Si la PATRIE se réduit au slogan sans contenu où quelques-uns pourraient marcher sur l’unité nationale et toutes les valeurs qui cimentent notre vivre ensemble, autant dire que les généraux ont du fil à retordre. Il ne faudrait pas réveiller les vieux démons. De ce qui précède, il apparaît clairement que le challenge pour les nouveaux maîtres de Niamey, c’est de faire en sorte que ce pays soit encore paisible, uni et crédible qu’il l’était il y a deux semaines.

EMS