Niger : Quel bilan 28 ans après les accords de la paix conclu dans le cadre de la concorde nationale ?

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(EDN 27 avril) Le 24 avril 2023, le Niger a célébré le 28e anniversaire des accords de paix marquant la fin de la rébellion armée des populations Touareg. Plus connu sous le nom de concorde nationale, ces accords ont été signés le 24 avril 1995 entre le gouvernement nigérien sous le regime du président Mamane Ousmane et l’Organisation de la résistance Touareg –ORA- . Cette signature venait ainsi mettre fin à plusieurs années de conflits armés.

Depuis lors, le 24 avril de chaque année est une occasion de célébration. Comme pour les précédentes éditions, c’est à Tchintabaraden, dans la région de Tahoua, qu’ont eu lieu les festivités. Parmi les officiels présents, on peut citer le ministre de l’Intérieur Hamadou Souley  ainsi que des hauts gradés civils et militaires.

Si la majorité des jeunes ignorent les terribles événements qui ont marqué le début des années 90 au Niger, il faut reconnaitre que la signature et la mise en œuvre de cet accord ont permis aux pays de maintenir une certaine stabilité. Le Niger est aujourd’hui le pays où les populations Touareg sont les mieux intégrés dans le Sahel. Pour preuve, l’ancien premier ministre, Brigi Rafini était un membre de cette communauté autrefois marginalisée.

Au Mali, l’échec des accords de paix entre le gouvernement central et les rebelles Touareg ont nourri les ressentiments et conduit à la rébellion de 2011. Aidé par les terroristes islamistes, les rebelles ont pu s’emparer des grandes villes du nord du pays et proclamé l’indépendance de la république de L’Azawad. La bonne intégration des Touaregs a empêché que le conflit ne déborde au Niger voisin. La suite de l’histoire est une succession de drames. Les islamistes n’ont pas mis longtemps à mettre dehors les rebelles et à proclamer la charia dans les zones sous contrôle. Depuis lors, le Mali est devenue le repère des groupes armés et une partie importante du territoire échappe au contrôle de l’État.

L’importante de cette fête est d’ailleurs compris par une partie de la population «C’est une très belle occasion pour rappeler aux citoyens nigériens que la paix n’a pas de prix et que nous devrons tous, à l’occasion de cette journée consacrée à la Concorde nationale, jeter un regard rétrospectif pour voir tout ce qui nous divise en tant que citoyen notamment dans ce contexte d’insécurité » a déclaré Elhadji Idi Abdou, un acteur de la société civile à  la presse à l’occasion de cette célébration.

Néanmoins, la célébration de l’évènement ne doit pas être le lieu d’adopter un discours triomphaliste. Le pays fait aujourd’hui face à  de nombreux défis. Les groupes terroristes attaquent des cibles militaires et civiles depuis bientôt 8 ans dans la région dite des trois frontières et au niveau du bassin du Lac Tchad. De plus, le conflit qui vient de débuter au Soudan pourrait déstabiliser le Tchad et avoir de graves conséquences sur le Niger.

Mawulolo Ahlijah