L’année 2023 s’annonce tumultueuse à la Banque Agricole du Niger Bagri. Le vendredi 30 décembre dernier une information est apparue sur la toile faisant cas de l’interpellation de plusieurs patrons de la Bagri. Suite à cette information les Échos du Niger a procédé à des vérifications auprès de certaines sources au sein de l’institution financière en question qui l’ont confirmé.
En effet depuis le mercredi 28 décembre près d’une dizaine de cadres de la bagri dont les plus hauts responsables et leurs collaborateurs sont en garde à vue à la PJ. Il s’agit entre autres du Directeur Général de la Banque M.Mahaman Lawal Mossi et le Directeur Comptable et Financier M. Boubacar Mayaki.
Selon nos sources, ces responsables sont soupçonnés d’avoir en complicité détournés environ 4 milliards de francs CFA à travers des jeux d’écriture et de fausses transactions financières sur le capital de la Banque qui serai au bord de la banqueroute.
Le pot aux roses a été découvert en début du mois de décembre après l’apparition dans les livres de la banque de mouvements financiers suspects suite à des inspections de la Cellule National de Traitement des Informations Financières (CENTIF).
Après quelques interrogatoires au sein de la Banque, la CENTIF a saisi la Police Judiciaire qui a procédé à la l’interpellation puis la mise en garde à vue des suspects. Ces derniers seront d’ailleurs présentés au juge d’instruction ce lundi 2 janvier. L’étendu des dégâts fait craindre le pire pour la banque.
La Bagri au bord de la faillite…
Née des cendres de la Caisse Nationale de Crédit Agricole en avril 2011, la Banque Agricole du Niger avait les mêmes missions et attributions que la CNCA Niger son ancêtre: soutenir les producteurs agricoles en leur facilitant l’accès au crédit afin de promouvoir une agriculture de rente. Plus de 10 ans après sa création, la Bagri est loin d’honorer ses objectifs en fait, elle y a même renoncé face à certaines contingences techniques liées à sa création.

Même s’il n’a pas encore livré ses secrets au grand jour, ce scandale lève un coin de voile sur l’atonie qui tenaille la Bagri, cette banque qui a déjà par le passé frôlé la banqueroute, sous la gestion de son premier Directeur Générale Maman Rabiou l’actuel Ministre du Plan. Selon nos sources, depuis un moment, la Bagri présente des signes avant-coureurs d’une faillite dont le plus expressif, est le manque de liquidité. A ce propos, il se raconte dans le milieu financier que la fourgonnette de transport de cash de la Bagri est devenu un ras de la BCEAO, ce qui a d’ailleurs mis la puce à l’oreille des inspecteurs de la CENTIF qui en ont été alerté.
Entre les quatre murs de l’immeuble vert de la place Toumo, l’on a tenté de cacher cette réalité depuis au moins six(6) mois. L’exemple le plus hallucinant qui nous a été rapporté c’est que pour des retraits d’à peine dix (10) millions, la banque procède à des programmations. Or, pour une banque dont le capital dépasse les 2 milliards FCFA, selon un expert interrogé par les Échos du Niger, les programmations sont faites pour des retraits excédant 100 millions FCFA. Comment une banque avec un capital aussi important à pu tomber dans une telle sécheresse financière ?
Pour, rappel en plus de son capital initial qui était de 2 milliards FCFA, la Bagri a bénéficié entre 2017 et 2019 de 10 millions dollar soit environ 6 milliards 129 millions FCFA du Fond vert Climat. Ce financement, le premier du genre pour une banque nigérienne était destiné à appuyer les producteurs agricoles en vue de faciliter leur adaptation aux conséquences du changement Climatiques. A cette date, la gestion de cette enveloppe n’a pas été auditée. Ce financement a-t-il été octroyé à ses ayant droits légitimes et dans son intégralité? Seule l’instruction du dossier apportera des réponses à cette question. En attendant la grande interrogation est: Comment en est-on arrivé là?
La Commission Bancaire a encore faillit au Niger…
La Commission Bancaire (COBAC) de l’UEMOA fait-elle un travail sérieux au Niger?, c’est l’une des questions que l’on est en droit de se poser au regard du crash de la Bagri qui se point à l’horizon. Gendarme des institutions financières des huit (8) pays de la zone monétaire UEMOA, la COBAC a pour mission régalienne d’assurer le contrôle des établissement de crédit et des systèmes financiers décentralisés; prendre des mesures administratives et de sanction disciplinaires à l’encontre des établissements assujettis ou des dirigeants responsables en cas de manquement, entre autres mission et prérogatives. Or cela fait 4 années apprend t-on que la COBAC n’a pas envoyé une mission de contrôle au sein de la Bagri, une situation scandaleuse en elle-même.
Ce ne serai pas la première fois qu’une institution financière nigérienne tombe en faillite faute de gestion orthodoxe. On se rappel tous du drame financier ASUSU dont certaines victimes ne se sont pas encore remise de leur blessures. Assurément les leçons n’ont pas été tiré de ce passé pourtant récent. Si la corruption au Niger a atteint contre tout attente le secteur sensible de la finance, il y va de la crédibilité de la COBAC de traquer ces banquiers criminels en col blanc qui sont tapis dans les banques et autres institutions financières publiques où ils confondent les bourses et les épargnes des laborieuses populations à leur patrimoine.