
En concourant à l’élection présidentielle, vous manifestez votre désir de servir vos concitoyens et concitoyennes. A l’heure où certains et certaines sont tenté.e.s par la résignation, cette volonté d’œuvrer pour le bien commun est une bonne nouvelle. C’est avec un immense honneur que nous, jeunes et adolescent.e.s, membres de douze (12) organisations, réseaux, associations et mouvements de jeunesse issus de la société civile du Niger, présent.e.s sur toute l’étendue du territoire, sommes réuni.e.s pour vous adresser cette lettre ouverte. Porter à votre connaissance la situation difficile que vivent les adolescent.e.s et les jeunes quant à leurs Droits et Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) ici au Niger et obtenir de votre part un engagement à nous accompagner pour changer la situation, est pour nous un acte citoyen fort. En tant que candidats à la présidence de la République du Niger, vous avez un rôle particulier à jouer pour la santé des adolescent.e.s et des jeunes, qui sont le futur de la nation. Nous, jeunes leaders, nous connaissons le terrain et les jeunes nigériens et nigériennes. Les statistiques nationales et nos nombreuses activités à travers le pays avec nos pairs, nous permettent d’affirmer que l’accès à des informations et à des services de qualité et adaptés en matière de Droits et Santé Sexuelle et Reproductive des adolescent.e.s et des jeunes (DSSRAJ) est à ce jour préoccupant. Au Niger, les jeunes de 10-24 ans représentent 32% (1) de la population totale et les moins de 15 ans représentent 50% (1) de la population totale. Cependant, bien que nous soyons le tiers des nigériens et nigériennes, nous manquons de connaissances et les services de l’État ne répondent pas à nos besoins. En effet, les études montrent par exemple, que seulement 14,1% (1) des femmes de 15 à 24 ans et 25,4% (1) des hommes de 15 à 24 ans ont un niveau de connaissances approfondi de la transmission du VIH/SIDA. Elles montrent aussi qu’uniquement 19,6% (2) des femmes de 15 à 49 ans situent la période de fécondité́ au milieu du cycle entre deux périodes de règles. Pourtant, avoir des informations justes et adaptées sur les IST, VIH-Sida et les moyens de s’en prévenir ainsi que comprendre et connaître son corps, est primordial pour faire des choix éclairés pour sa santé et la construction de la vie. Les indicateurs montrent également que les adolescentes et les jeunes femmes en union ont un besoin en planification familiale non satisfait (3) (13,1 % (2) pour les 15-19 ans et 18,4 % (2) pour les 20-24 ans) et que peu de femmes ont reçu les informations utiles qui permettent l’utilisation dans les meilleures conditions des méthodes de planification familiale … Les raisons à cela sont nombreuses : tabous autour de la sexualité, pesanteurs socioculturelles et religieuses importantes, zones rurales peu et mal informées sur les DSSRAJ, manque de connaissances et/ou de moyens pour accéder aux services de santé, manque d’espaces de paroles sûrs, méconnaissance des lois et décrets qui doivent les protéger … Des avancées ont été faites ces dernières années en faveur de la SSR des jeunes, des adolescent.e.s ainsi que pour les droits des femmes et des filles par les autorités et les acteur.rice.s travaillant sur les DSSRAJ au Niger (la loi SR de 2006 et son décret d’application 408 de 2019, la loi SAJ(4), l’élaboration d’un plan d’action opérationnel budgétisé pour la Planification Familiale (PF) pour les années 2019-2020 avec une implication effective du réseau des jeunes ambassadrices et ambassadeurs pour la SR/PF, l’engagement d’affecter 15% du budget du PANB pour les activités ciblant les jeunes, les adolescentes et les adolescents(5)…). Mais aujourd’hui il reste encore beaucoup à faire et nous avons besoin de vous. Contribuer à ce que nous ayons accès à des informations fiables sur les DSSRAJ et sensibiliser les populations est crucial pour que nous puissions faire des choix éclairés pour notre santé et notre avenir.