Niger : Mahamadou Issoufou bientôt face à la justice ?

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(EDN 8 mai)C’est à travers une lettre confidentielle révélée par le média Africa Intelligence  que le nom de l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou a été cité comme l’un des principaux bénéficiaires des rétro-commissions dans la vente et l’achat opaque de 2500 tonnes d’uranium en 2011 par le groupe français Orano. Cette affaire qui porte le nom d’uranium gate, a indigné l’opinion non seulement au Niger, mais partout en Afrique.

La vente de ces 2500 tonnes avait provoqué une perte de près de 101 millions de dollars pour Areva  alors dirigé par Anne Lauvergeon secondé par Sebastian de Montessus, chargé du département mines chez le groupe français du nucléaire. Sur cette jolie somme, l’ex-président a bénéficié d’un premier versement de 2,6 millions de dollars virés sur le compte d’une banque de Dubaï selon des enquêteurs américains. De plus, ces mêmes enquêteurs, soupçonnent Mahamadou Issoufou d’avoir été le destinataire d’un second versement de 800.000 euros virés sur un compte domicilié dans une banque genevoise. Au total, l’ancien président nigérien qui est réputé très proche d’Anne Lauvergeon aurait touché plus de 3 millions de dollars.    

Les conditions dans lesquelles la quantité d’uranium concerné avait été vendu par la SOPAMIN à Areva avaient suscité une grande incompréhension dans les milieux spécialisés, car elle ne correspondait pas à la pratique habituelle. En sa qualité d’actionnaires, Areva et l’État du Niger via la SOPAMIN se répartissaient, au prorata de leur poids dans l’actionnariat, les quantités d’uranium sorties du sous-sol. Chaque actionnaire était ensuite libre de se rapprocher du client le mieux offrant. Face à l’incompréhension suscitée par cette vente flash et opaque à Areva, Hassoumi Massaoudou, directeur de cabinet de la présidence au moment des faits, avait déclaré que cette vente s’était déroulée dans des conditions parfaites et qu’une partie des bénéfices tirés par l’État avait servi à acquérir des équipements militaires au profit de garde présidentielle. Ces déclarations n’étaient  appuyées d’aucune preuve jusqu’à  ce jour.

Si cette affaire n’a pas déjà été saisie par la justice nigérienne, tel n’est pas le cas en France et aux États-Unis, deux pays où la justice s’est déjà saisie de l’affaire. Les chances sont grandes que l’ancien président soit bientôt invité à se prononcé devant les autorités judiciaires. 

Mawulolo Ahlijah